Faune de la baie de l’Aiguillon

Une grande richesse faunistique

Depuis la vasière jusqu’aux prés salés, en passant par les chenaux, la richesse de la Réserve naturelle de la baie de l’Aiguillon s’illustre par la présence d’une faune remarquable et spécialisée.

L’avifaune

La première raison du classement de la baie de l’Aiguillon en Réserve naturelle provient de son exceptionnelle richesse ornithologique.

Vol de limicoles dont des barges à queue noire, bécasseaux variables et pluviers argentés

Vol de limicoles. Crédit photo : Didier Cantin

En effet, le littoral français représente une zone privilégiée sur la voie de migration est-Atlantique, et la baie de l’Aiguillon constitue un site de première importance pour les oiseaux d’eau, reflets directs de la richesse et de la qualité du milieu.
Ainsi, ce site de valeur internationale accueille d’importantes populations de limicoles et d’anatidés en hivernage ou en escale migratoire.

Les limicoles

Les limicoles sont de petits échassiers fréquentant principalement les zones humides littorales.

Ce sont typiquement de grands migrateurs. Ceux rencontrés dans la baie de l’Aiguillon voyagent depuis les régions du Groenland et de la Sibérie (où ils se reproduisent) jusqu’aux régions tempérées méridionales et intertropicales (où ils hivernent).

3 barges rousses et 2 avocettes élégantes les pattes dans l'eau, au Port du Pavé

Avocette élégantes et barges rousses au Port du Pavé. Crédit photo : Trevor Froud

Une Avocette élégante en train de sabrer l'eau et la vase avec son bec

Avocette élégante en pêche. Crédit photo : Didier Cantin

En janvier, on dénombre environ 60 000 limicoles, parmi lesquels les principales espèces sont : le Bécasseau variable, le Bécasseau maubèche (sous espèce issue d’Islande et du Groenland), l’Avocette élégante, la Barge à queue noire, la Barge rousse, le Pluvier argenté, le Courlis cendré. La baie de l’Aiguillon est ainsi le premier site d’hivernage national pour la Barge à queue noire et l’Avocette élégante et le second pour le Bécasseau maubèche. Elle joue également un rôle primordial lors des migrations prénuptiales (printemps) et post-nuptiales (automne) pour d’autres espèces : le Bécasseau maubèche (sous-espèce sibérienne), le Grand gravelot ou encore le Chevalier gambette.

Les limicoles sont des oiseaux aux plus ou moins longues pattes qui vivent et se nourrissent sur les vasières. A marée basse, ils se dispersent sur l’ensemble des vasières en recherche de nourriture (mollusques et vers marins). Lorsque la mer monte, les oiseaux se concentrent sur les espaces de vasière restant disponibles. A marée haute, lors de coefficients moyens (80-90), les limicoles se réfugient sur les prés salés. Lorsque la baie est submergée lors des grands coefficients, ils sont contraints de rejoindre des zones de refuges hors réserve (comme la Pointe d’Arçay ou la zone humide du Marais Poitevin).

Un Courlis cendré sur la vasière, marchant en direction de l'objectif

Courlis cendré. Crédit photo : Didier Cantin

Les anatidés

La famille des anatidés regroupe les canards, les oies et les cygnes. Ces grands voyageurs viennent eux aussi passer l’hiver dans la baie, avec des effectifs qui varient entre 25 et 35 000 individus en moyenne.

Les canards de surface (principalement le Canard colvert, le Canard pilet, le Canard siffleur et la Sarcelle d’hiver) sont présents plus de six mois consécutifs sur la réserve. Le jour, ils viennent se reposer majoritairement sur les vasières, le long des chenaux

4 bernaches cravants en vol au-dessus de la vasière

Vol de 4 bernaches cravants. Crédit photo : Jean-Robert Bariteau

Le soir, une partie d’entre eux va se nourrir sur les prés salés (notamment les canards siffleurs, herbivores) mais beaucoup quittent la baie pour s’alimenter la nuit dans les prairies humides inondées du Marais poitevin. Ce rythme d’activité illustre ici parfaitement la complémentarité et l’interdépendance qui existent entre la baie de l’Aiguillon, le Marais poitevin et plus largement les zones humides de la façade atlantique.

Les oies (Oie cendrée, Bernache cravant, quelques Oies rieuses et Bernaches nonnettes) fréquentent la réserve d’octobre jusqu’à mars. Elles utilisent exclusivement les prés salés pour leur activité alimentaire, ces herbivores se nourrissant ici essentiellement d’une graminée, la Puccinellie maritime.

Un Tadorne de Belon en train de filtrer la vase avec son bec

Tadorne de Belon en train de filtrer la vase. Crédit photo : Pierre Rigou

Enfin, le Tadorne de Belon, un canard côtier friand notamment d’Hydrobies (petit escargot vivant sur la vase) et qui trouve en baie de l’Aiguillon un site d’accueil remarquable puisqu’elle héberge entre 8 et 10 000 individus au cœur de l’hiver.

Macrofaune benthique

La macrofaune benthique regroupe les organismes invertébrés (vers, crustacés, palourde, Scrobiculaire, Hydrobie) visibles à l’œil nu (mesurant entre 1 millimètre et 1 décimètre). La vasière est le siège d’une communauté de macrofaune benthique dont la richesse spécifique et l’abondance varient au cours du temps.

Les espèces de mollusques les plus abondantes sont l’Hydrobie Peringia ulvae, la Scrobiculaire Scrobicularia plana, la Macoma Limecola balthica, et Abra tenuis. Les deux espèces principales de vers annélides qui peuplent la baie sont Hediste diversicolor et Nephtys hombergii.

Macoma (coquillage bivalve) vue à la loupe binoculaire

Macoma vue à la loupe binoculaire. Crédit photo : Audran Chenu

Un ver polychète Néréis

Ver Néréis. Crédit photo : Paméla Lagrange

Hydrobie (petit escargot marin) vue à la loupe binoculaire

Hydrobie vue à la loupe binoculaire. Crédit photo : Audran Chenu

Poissons

La baie de l’Aiguillon joue un rôle de transit pour plusieurs espèces de poissons. Elle est reconnue comme site d’importance nationale pour trois poissons migrateurs : l’Anguille européenne et la Grande Alose classées en danger critique d’extinction ainsi que la Lamproie marine classée en danger.

La baie de l’Aiguillon joue également un rôle de nourricerie pour de nombreux juvéniles de poissons (Bar européen, Mulet porc, Sole…) qui viennent s’alimenter dans les chenaux et dans les prés salés, notamment dans les zones de végétation à obione.

Un russon, c’est-à-dire un cours d'eau naturel, qui serpente dans les prés salés de la baie de l'Aiguillon

Un russon dans le pré salé. Crédit photo : Réserve naturelle nationale de la baie de l’Aiguillon

Entomofaune

L’entomofaune terrestre est certainement un des pans de la faune le plus méconnu de la baie de l’Aiguillon. Seuls quelques groupes d’espèces ont fait l’objet d’études spécifiques.

Orthoptères

Une espèce remarquable est présente sur des pelouses dunaires de la Pointe de l’Aiguillon, à savoir le Criquet des dunes. Cette espèce rare est d’un intérêt particulier car il est caractéristique des pelouses ouvertes dunaires. La fréquentation humaine forte sur ce secteur compromet également la présence d’espèces habituellement présentes dans ce type de milieu. Les pelouses dunaires abritent le plus grand nombre d’espèces.

L’Œdipode des salines est un criquet de forme assez allongée présent dans le pré salé (petits patchs d’habitats favorables). Ce criquet est un des orthoptères les plus menacés d’Europe et sa présence est avérée dans seulement 8 régions françaises.

Un juvénile Œdipodes des salines

Œdipode des salines juvénile.
Crédit photo : Réserve naturelle nationale de la baie de l’Aiguillon

Hyménoptères

Le groupe des hyménoptères regroupe les abeilles et les guêpes. Plus de 70 espèces ont été recensées au niveau de la Pointe de l’Aiguillon dont 20 espèces non connues ailleurs dans les Pays de Loire. La plupart des espèces sont liées aux milieux sableux, d’autres nidifient dans le bois ou dans les plantes. Citons Osmia spinulosaomme, qui utilise exclusivement des coquilles d’escargots vides de petite et moyenne tailles dans lesquelles elle emmagasine du pollen et pond ses œufs !

Une abeille de l'espèce Anthophora bimaculata sur une fleur rose

Anthophora bimaculata, abeille présente au sein de la Réserve.
Crédit photo : F.Herbrecht-GRETIA